La jussie à grandes fleurs (Ludwigia grandiflora) et la jussie rampante (Ludwigia peploides) sont des espèces exotiques envahissantes (EEE) originaires d’Amérique du Sud. Elles sont introduites en France de manière volontaire pour leurs qualités ornementales au XIXème siècle. Les jussies affectionnent particulièrement les eaux stagnantes ou à faible courant et les milieux ensoleillés. Elle peut prendre diverses formes : rampante sur l’eau, érigée en buisson, prostrée et rampante sur terre sèche… En effet, bien qu’elle soit une invasive aquatique, elle sait s’adapter et se déployer en milieu terrestre une fois sa colonisation entamée. Il n’est pas rare de la retrouver en bord d’étang, sur les berges et sur prairie humide.
Le contexte particulier du département de l’Ain et des étangs de la Dombes
Le département de l’Ain est riche d’habitats très particuliers , notamment dans les Dombes : les chaînes d’étangs. La terre étant particulièrement argileuse dans cette région, plus de 1000 étangs ont été créés pour drainer cette zone historiquement marécageuse. Les étangs fonctionnent en chaîne et sont alimentés quasiment exclusivement par les eaux pluviales. Ils peuvent être mis en assec pour être cultivés, maintenus en eau pour être empoissonnés ou être utilisés à des fins cynégétiques. L’arrivée de la jussie sur ce territoire dans la fin des années 90 est donc particulièrement inquiétante : le risque de dissémination de cette plante est d’autant plus grand que les eaux transitent d’un étang à l’autre régulièrement, entraînant ainsi un risque accru de bouturage de la plante. Empêcher la jussie de prospérer est fondamental, notamment parce que les étangs sont une richesse importante du département, ils abritent : pêche, chasse, loisirs, qualité paysagère, habitats précieux pour la biodiversité…
Les effets néfastes de la jussie sur les milieux
La jussie, lorsqu’elle colonise un milieu, modifie très rapidement ses propriétés. Elle est capable de fermer totalement le milieu en quelques années, modifier le PH de l’eau, la teneur en oxygène… Les étangs, dans les cas de colonisation les plus avancés ne sont plus que de denses herbiers de jussie. Cette plante prend également la place de végétations locales, appauvrissant ainsi la richesse écologique du territoire. La fermeture des milieux, l’eutrophisation accélérée, l’anoxie des masses d’eaux, la perturbation des écoulements et dynamiques hydrauliques sont autant de conséquences graves observées sur les écosystèmes et activités économiques du département.
La situation d’invasion dans l’Ain
A ce jour, sont recensés par nos équipes une soixante de sites ayant abrité ou abritant de la jussie. En 2021, 16 sites sur ces 60 ont été observés sans retour de la jussie. Ces résultats sont encourageants car ils prouvent que l’invasion peut être endiguée sur certaines zones où les conditions sont favorables. Au vu du potentiel d’invasion exponentiel de la plante et du nombre de masses d’eaux stagnantes sur le département, la situation semble pour l’instant sous contrôle, grâce à l’animation de FREDON, l’implication des acteurs locaux et les campagnes d’arrachage successives qui ont lieu chaque année à l’été.