FREDON AURA s’est impliquée de 2018 à 2020 dans le projet Creative* (Financement CASDAR Recherche et Innovation du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation). Projet multi partenariale avec le Ctifl de Lanxade, ANSES LSV Malzeville, ANSES LSV Angers, ANSES Lyon, INRA Beaucouzé, et le Lycée du Valentin.
Ce projet visait à déterminer quelle(s) espèce(s) de champignon Alternaria sp. étaient responsables du développement d’une maladie causant des chutes de feuilles importantes en vergers de pommier : l’alternariose.
Contexte
Des chutes de feuilles problématiques ont été observées en vergers de pommiers dans le Rhône, l’Isère, et la Loire en 2013, 2016 et 2017. Aucune étude n’avait été réalisée en France pour connaitre quelles étaient les espèces responsables. Mais des travaux montraient, dans plusieurs pays, d’un complexe d’espèces d’Alternaria sp. Impliqué dans l’émergence de la maladie sur feuilles.
Le projet Creative a donc fédéré plusieurs partenaires avec pour objectifs sur le volet Alternariose :
- Identifier les espèces d’Alternaria impliqués dans les défoliations du pommier en France
- Mieux connaitre la génétique de ces champignons
- Identifier leur pouvoir pathogène
- Caractériser la résistance aux fongicides classiquement utilisées
- Développer des outils de détection rapide
Description de l’alternariose
Les symptômes se présentent tout d’abord sous forme de petites ponctuations violacées, qui évoluent en taches nécrotiques circulaires marrons. Les taches s’élargissent, et finissent par se rejoindre en plages étendues. Les feuilles attaquées jaunissent et chutent. La maladie évolue à la faveur des pluies qui disséminent les spores du champignon, et l’expression des symptômes est favorisée en conditions chaudes (optimum à 20-25°C).
Les symptômes peuvent être confondus avec le champignon responsable du Black rot, mais également avec des taches liées à des désordres physiologiques (carence en magnésie), ou bien des réactions de phytotoxicité. La maladie s’exprime sur feuilles, les symptômes sur fruits sont rares dans les pays où elle se développe. Mais des chercheurs en Israël ont constaté d’importants dégâts sur Pink Lady certaines années. La pathogénicité sur fruit est liée à la capacité du champignon à sécréter une toxine.
Evolution de la maladie en verger
FREDON AURA a procédé à des observations mensuelles sur 8 parcelles de référence de 2018 à 2020 d’avril à septembre afin de suivre l’évolution de la maladie, et réalisé des échantillonnages pour les travaux de recherche pilotés par l’ANSES sur 5 variétés différentes. Des observations ont également été intégrées dans les protocoles d’épidémio-surveillance destinés à la réalisation des BSV Cultures Fruitières que nous rédigeons.
Les premières taches sur feuilles sont toujours apparues au début du mois de mai, et les premières défoliations à partir de la fin mai. Celles-ci ont été faibles et non problématiques, sauf en 2019, où plus de 50 % de chute de feuilles ont été constatées par certains producteurs. Les arbres concernés peinent à redémarrer, et les calibres peuvent être pénalisées.
Les conditions estivales sont ensuite déterminantes sur l’évolution de la maladie vers de nouveaux cycles de chutes de feuilles jusqu’à la récolte. Les étés 2018, 2019, et 2020 ayant été secs, la maladie n’a pas été problématique. Par contre, les fréquentes pluies de juillet ont favorisé son développement en 2021.
La mise en œuvre de mesures de destruction des feuilles à l’automne est recommandée comme pour la Tavelure dans les situations critiques.
Premiers résultats du CASDAR Creative sur l’alternariose
La première publication des résultats du projet a été communiquée le 1er décembre 2021 dans la revue scientifique PeerJ Life & Environment**. Ils démontrent que cette maladie émergente est présente en Auvergne-Rhône-Alpes, PACA, Occitanie et Nouvelle Aquitaine. Tous les isolats du champignon collectés font partie du complexe d’Alternaria arborescens ou Alternaria alternata. Des tests de pathogénicité ont été réalisés en laboratoire sur feuilles détachées sur Golden et Gala pour vérifier que les isolats étaient bien responsables des symptômes. Aucun des champignons n’était pathogène sur fruit, mais ils l’étaient tous sur feuilles, sans que des différences de pathogénicité n’aient été constatées entre A. arborescences et A. alternata.
Le projet CASDAR Creative est prolongé, les travaux de recherche sont toujours en cours pour caractériser la résistance de ces champignons aux fongicides, et développer un test de détection rapide en 2022.
* Développement d’outils de Caractérisation et de détection des champignons présentant des Risques Emergents sur fruitiers à pépins : AlTernarIa spp. et VEnturia spp.
** https://peerj.com/articles/12496/
