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MACC0 - Lutte alternative contre les campagnols

La stratégie de lutte préconisée contre les campagnols des champs en grandes cultures et arboriculture, combinant moyens chimiques et alternatifs, s’inspire de celle développée contre les campagnols terrestres en prairies, mais n’est pas adaptée. De plus, les rodenticides présentent un risque pour la faune sauvage. L’objectif de ce projet est de bâtir un référentiel technique sur les stratégies de lutte, s’appuyant uniquement sur des méthodes alternatives.

Peu étudié, le campagnol des champs (Microtus arvalis) est pourtant un ravageur avec un impact économique important en agriculture. Dans les pics de densité, les effectifs peuvent atteindre plusieurs centaines d’individus/ha ce qui impacte les prairies, cultures fourragères et porte-graine, grandes cultures, cultures fruitières, ornementales et maraîchères. C’est le cas en particulier pour les systèmes sans labour (techniques culturales simplifiées TCS, semis directs, …) qui favorisent les campagnols des champs et pour lesquels les pertes peuvent concerner 80% des productions lors des pics de pullulation.


Enjeux et objectifs

Le projet MACC 0 a pour objectif de développer des méthodes de lutte alternatives adaptées à la problématique que représentent les campagnols des champs (Microtus arvalis) pour les grandes cultures et l’arboriculture du Grand Est.

Si la stratégie de lutte raisonnée est validée contre le campagnol terrestre en prairies (Delattre et Giraudoux, 2009) et mise en application dans de nombreuses régions (Truchetet et al., 2014 ; Couval et Truchetet, 2014), il n’en est rien pour le campagnol des champs dans d’autres systèmes d’exploitation. En effet, l’écologie de cette espèce et l’habitat dans lequel il vit (paysage à dominante grandes cultures et vergers) diffèrent. Il convient aussi de préciser que les méthodes alternatives développées dans un contexte prairial ne sont pas adaptées à d’autres systèmes de cultures.

A l’échelle de la Région Grand Est, la lutte contre les campagnols fait l’objet d’un Plan d’Actions Régional qui s’inscrit dans le cadre de l’arrêté interministériel du 14 mai 2014. Il s’appuie sur les principes de la lutte raisonnée, combinant les méthodes alternatives et l’usage de rodenticides.

Si le principal produit utilisé jusqu’à présent (à base de bromadiolone) amorce son retrait du marché en 2020, un autre rodenticide a été autorisé en France en septembre 2017, le phosphure de zinc. Si ce rodenticide présente un risque d’intoxication secondaire plus faible que la bromadiolone, sa toxicité primaire est bien supérieure (USEPA, 2004). Il peut donc représenter un risque pour la faune non cible.

Bien qu’identifiées, les méthodes de lutte alternatives souffrent cependant d’un manque et bien souvent d’une absence de références expérimentales pour quantifier leur impact dans le cadre de la lutte contre les campagnols.

Le déploiement de ces techniques est un axe de travail dont l’enjeu majeur est de pouvoir concilier la maîtrise des populations de campagnols des champs en grandes cultures et arboriculture, et donc de limiter l’impact sur les productions concernées, tout en se passant des rodenticides.


Résultats attendus

Mise en place de pièges bassines

Le projet permettra de renforcer les connaissances sur les dynamiques spatiales et temporelles des campagnols des champs, dans différents contextes agricoles du Grand Est. Les références concernant cette espèce sont peu nombreuses et son comportement diffère du campagnol terrestre. En effet, les populations de campagnols des champs investissent davantage les bordures de parcelles, bandes enherbées, fossés … qui leur servent de refuge lorsque la ressource alimentaire se fait plus rare.

L’acquisition de ces références amènera à s’interroger sur les méthodes d’observation des populations, pas toujours bien adaptées à la problématique du campagnol des champs (présence en parcelle et en bordure).

Le projet va permettre de tester différentes méthodes alternatives et de juger de leur efficacité, seules ou combinées entre elles, sur la régulation des populations de campagnols.


En bref, MACC 0 c'est...

  • Nombre de sites expérimentaux : 5 (1 grandes cultures, 2 polyculture-élevage, 1 cultures porte-graines, 1 arboriculture)
  • Cultures : grandes cultures, cultures porte-graine, arboriculture
  • Leviers testés : association du mélilot aux cultures de vente, utilisation de différents outils du travail du sol (herse étrille, bineuse, déchaumeur à disque, décompacteur) seuls ou en combinaison, favorisation de la prédation (via la gestion des bordures et l’installation de perchoirs, nichoirs, haies, …), lutte chimique (afin de la comparer aux méthodes alternatives).
  • Porteur de projet : FREDON Grand Est
  • Durée : 2019-2024