Doubs : "Plus de la moitié des renards peuvent être porteurs du parasite", les déjections au cœur d'une vaste étude scientifique

 

Dans une étude sur la régulation des populations de renards, des scientifiques étudient la diffusion d’une maladie parasitaire dangereuse pour l'homme, contenue dans les déjections du goupil, l’échinococcose alvéolaire.

Le renard, inoffensif ou nuisible ? Cette question est l'objet d'une étude scientifique menée dans le Haut-Doubs, pour déterminer si le goupil mérite sa réputation de tueur de volailles ou de propagateur de maladie.

"Il y a des oppositions fortes qui se font parce que des agriculteurs considèrent que le renard mange des campagnols, ce qui est utile, alors que des chasseurs déplorent qu'il mange les lièvres", expose au micro de France 3, Patrick Giraudoux, professeur émérite d'écologie à l'université de Franche-Comté et chercheur au laboratoire Chrono-environnement.

Si d'autres encore trouvent que le renard doit être protégé pour sa beauté, Patrick Giraudoux souhaite réussir avec cette étude à ce que "chacun puisse comprendre le point de vue de l'autre". Et cela passe par le prélèvement de plus de déjections dans deux zones distinctes du département. La première dans le Val de Mouthe, où le renard est protégé, et la deuxième autour de Valdahon, où il est chassé toute l’année, car considéré comme nuisible.

"On va voir si cette différence de statut a un effet sur les dégâts qui peuvent être observés sur les poulaillers, sur la dynamique des populations de rongeurs, ou sur des espèces protégées qui nichent au sol comme des oiseaux", ajoute Patrick Giraudoux.

Un parasite dangereux pour l'homme dans les déjections de renard

Outre l'étude du lien entre statut de protection et évolution des populations de renard, les scientifiques vont évaluer les effets d’une régulation sur la diffusion d’une maladie parasitaire dangereuse pour l'homme : l’échinococcose alvéolaire.

"Dans le département du Doubs, plus de la moitié des renards peuvent être porteurs du parasite", énonce Jenny Knapp, chercheuse au centre de référence national des échinococcoses au CHU de Besançon.

Infecté par les rongeurs qu’il mange, le renard véhicule ce ténia de quelques millimètres dans son intestin. Et c'est grâce à l'analyse de l’ADN contenu dans les œufs du vers disséminés dans les crottes du renard que les scientifiques pourront savoir si le chasser est utile.

À noter que c'est l'ingestion accidentelle de ces œufs qui provoque l’échinococcose alvéolaire chez l'Homme, selon une brochure du CHU de Besançon"Chez le chien, la fréquence d’infestation moyenne est de 0,3%", est-il aussi précisé pour mettre en garde les nombreux propriétaires de cet animal de compagnie.

"Dans les années 1990, la rage existait encore en France avant d'être éradiquée en 2000. La première stratégie était d'abattre les renards, et on s'est aperçu que les jeunes renards colonisaient à nouveau leurs territoires et se contaminaient à la rage", poursuit Jenny Knapp, notant que seule "la vaccination a permis l'éradication de la rage".

Il ne reste plus qu'à attendre les conclusions de cette vaste étude participative associant chercheurs, agriculteurs, chasseurs et institutions. Celle-ci pourrait ensuite être étendue au niveau national, voire pour d’autres espèces.

 

Publié le  • Mis à jour le 

Écrit par Etienne Leray

Article France 3 original