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Le cynips du châtaignier

Originaire de Chine, sa distribution ne cesse de s'étendre : introduit au Japon en 1941, il a ensuite été identifié en 1963 en Corée du Sud puis en 1974 dans le sud-est des Etats Unis et en 2002 en Italie (identifié dans la région de Cuneo au nord ouest de l'Italie dans le Piémont).

En 2005 sa présence est confirmée en Slovénie ; en 2006 en France (vallée de la Roya dans les Alpes Maritimes). En 2007 des galles ont été observées dans une pépinière sur des arbres importés en Haute-Garonne. En 2009, celui-ci est identifié en Suisse (agglomération de Mendrisio dans le Tessin).

Présent dans une seule région italienne en 2002, le cynips était présent en 2008 dans le Piémont, la Ligurie, Toscane, Emilie-Romagne, Lombardie, Trentin Haut Adige, Vénétie, Latium, Abruzzes, Campanie et la Sardaigne (d'après les données du Creso de la région du Piémont).

La production de galles peut entraîner une baisse de 60 à 80% de la production fruitière, la mortalité des rameaux touchés, des branches et voire des arbres pour de très forts taux d'infestation.

Ordre : Hymenoptera

Famille : Cynipidae

Réglementation : Organisme règlementé

Fiche technique

Plantes hôtes : Dryocosmus kuriphylus est un ravageur spécifique au châtaignier. Selon les espèces, la sensibilité au cynips diffère.

Espèce Origine Sensibilité
Castanea mollissima Chine Sensible mais contient des clônes résistants
Castanea crenata Japon, Corée Sensible mais contient des clônes résistants
Castanea dentata Etats-Unis Sensible
Castanea sativa Europe, Asie mineure Sensible
Castanea pumila Etats-Unis Seraient très résistants mais avec de petits calibres
Castanea henryi Chine  
Hybrides C.mollissima x C.dentata   Hybrides résistants aux Etats-Unis
Hybrides C.crenata   Bouche de Bétizac résiste pour le moment
Castanea alnifolia   Résistant pour le moment

Graphique des sensibilités variétales
Données du Cresso de Boves (Cuneo), région du Piémont

Morphologie :

Les adultes: Ce sont des micro-hyménoptères apocrites (abdomen et thorax séparés par un fort étranglement) de 2,5 à 3 mm de long. Le corps est noir, la base des antennes et pattes plus claires. L'apex du clypeus et les mandibules sont brun-jaunâtre. Les antennes comptent 14 articles.

Les pièces buccales sont de type broyeur. Les ailes membraneuses ont peu de nervures. Le premier segment abdominal fusionné au thorax (ou propodeum) est orné de 3 carènes longitudinales. L'abdomen présente un pétiole et le premier article du gastre est très grand.

Les larves: apodes, blanches.

Biologie : Les adultes émergent des galles de fin mai à début juillet. Les femelles pondent aussitôt dans les bourgeons latents et verts à l'aisselle des feuilles de la pousse en cours de croissance ; à raison de 3-5 œufs par bourgeons. Chaque femelle pond une centaine d'œufs. Leur durée de vie est d'une dizaine de jours. Les œufs mesurent 0,1-0,2 mm avec une longue excroissance à l'une des extrémités.

Les larves éclosent au bout de 30-40 jours et débutent leur croissance avant l'automne puis cessent leur développement et passent l'hiver ainsi. A ce stade les bourgeons gardent un aspect normal. L'année suivante, au moment du débourrement des bourgeons, les larves induisent la formation de galles.

Les galles se développent vers la mi-avril sur les nouveaux rameaux. Ces rameaux ne produisent alors qu'une pousse très courte avec quelques feuilles déformées par les galles. Les galles contiennent une ou plusieurs larves. Les larves se nourrissent pendant 20-30 jours dans les galles avant de se nymphoser.

Les adultes nouvellement formés restent 10 à 15 jours dans les galles avant d'émerger. En Italie, dans la région de Cuneo, les vols de cynips s'étalent de fin juin à début août.

Tous les adultes qui émergent sont des femelles. (data sheet on forest pest Dryocosmus kuriphilus - 04/10897 of European and Mediterranean Plant Protection Organization).

Dryocosmus kuriphilus est une espèce à reproduction par parthénogenèse thélytoque, c'est à dire que les femelles peuvent se reproduire sans accouplement avec des mâles et ne donnent naissance qu'à des femelles.

Le cycle biologique est univoltin avec une seule génération par an.

Symptômes et dégâts :

Les femelles pondent dans les jeunes bourgeons. Les piqûres de pontes sont visibles. Au printemps avec la reprise d'activité des larves de cynips, des galles de 0.5 à 2.5cm se forment sur les jeunes pousses, les inflorescences, les feuilles (pétioles, nervure centrale). Ces galles vont du vert clair au rouge. Les organes de la plante ainsi atteints ne se développent pas complètement du fait des déformations générées par les galles.

La production de galles peut entraîner selon les niveaux d'infestation ; une perte de vigueur de l'arbre ; une baisse de 60 à 80% de la production fruitière ; la mortalité des rameaux touchés, des branches et voire des arbres pour de très forts taux d'attaque.

En quelques années, la production de châtaignes peut ne plus devenir économiquement rentable. Les parcelles infestées sont alors abandonnées. Cet abandon contribue à l'extension des maladies de l'encre et du chancre.

Chaque galle contient une ou plusieurs loges larvaires. Après l'émergence des adultes de cynips, les galles sèchent devenant comme du bois et restent accrochées sur l'arbre.

A l'heure actuelle, aucun agent produisant des galles sur châtaignier n'est connu en France. Cependant les femelles de Dryocosmus kuriphilus peuvent être facilement confondues avec celles de Dryocosmus cerriphilus (Giraud, 1859) qui induisent des galles uniquement sur Quercus cerris.

Moyens de lutte

Les expérimentations menées au Japon et en Italie (Creso à Boves-Région du Piémont) pour tester différents produits de traitements n'ont donné que peu ou pas de résultats. Il n'existe donc pas à ce jour de lutte chimique avec une efficacité avérée sur le cynips.

Sur jeunes plants, la technique de lutte la plus simple consiste à couper et brûler les rameaux atteints (présence de piqûres de ponte sur les bourgeons ou début de formation des galles) avant l'émergence des adultes.

Face à cette absence d'efficacité des produits insecticides associée à l'impossibilité de pouvoir traiter les grands arbres en montagne, seule la lutte biologique à l'aide de l'auxiliaire de lutte Torymus sinensis parait être l'unique solution pour réguler le cynips du châtaignier. Testé au Japon dès les années 80 comme agent de lutte biologique contre le cynips, cet hyménoptère a permis d'obtenir une diminution des populations de Dryocosmus kuriphilus avec une diminution notable des dégâts sur châtaigniers.

De 2003 à 2005 des importations depuis le Japon de cet auxiliaire ont été réalisées en Italie avec les premières diffusions en plein champ depuis 2005.

La reproduction de cet auxiliaire est de type sexuée. Au printemps, les adultes émergent. Les femelles pondent dans les galles au début de la reprise d'activité des larves de cynips et du développement des galles. Les femelles de torymus pondent leurs œufs directement dans les larves de cynips. Les galles ainsi hyperparasitées vont continuer de grossir tant que la larve de torymus n'aura pas tué celle du cynips. La larve de l'auxiliaire va achever son développement et demeurer dans la galle jusqu'au printemps suivant.

Des recherches sont en cours pour sélectionner des variétés résistantes (à ce jour seule la variété Bouche de Bétizac résiste encore).